From now on, it’s a free concert.
Nous sommes en fin de journée, ce 15 août 1969. L’organisateur qui prononce cette phrase (« dorénavant, le concert est gratuit »), devant près de 500.000 festivaliers, ne se doute pas de l’engouement historique que va susciter ce Woodstock Music and Art Fair.
L’ambiance est à l’antimilitarisme, au flower power, à l’utopie collective. Ces trois jours auront vu se produire les meilleurs musiciens que compte alors l’Amérique. Et lorsque les barrières tombent, sous la masse des spectateurs, l’événement qui allait être le cœur du « summer of love », en plus d’être fondateur de la culture pop-rock, allait être gratuit.
Cette gratuité n’est pas tant à mettre sur le compte d’un désintéressement financier de l’organisation que sur leur débordement face au torrent des festivaliers, combiné à une ambiance de “paix et d’amour” qui laissait penser que tout était possible. A vrai dire, en 69 non plus, on n’organisait pas un festival de cette ampleur sans espérer glaner quelques dollars.
Un an plus tard, au sud de l’Angleterre, le festival de l’Ile de Wight accueille lui aussi des centaines de milliers de spectateurs. Quelques heures après le début des festivités, les palissades installées pour éviter aux resquilleurs de ne pas payer les trois livres d’entrée tombent à leur tour. Le mécontentement des festivaliers a eu raison de l’organisation. Les concerts seront gratuits. (Voir les images d’archive)
Dans une interview [EN] accordée en 2003 au quotidien turc Hürriyet, Michael Lang, l’organisateur de Woodstock et de plusieurs autres festivals, expliquait ce qui à ses yeux, avait changé depuis cette époque :
La chose qui a le plus changé, c’est que l’on vit dans un monde beaucoup moins innocent.
Trente ans après l’édition mythique de Woodstock 1969, le concert anniversaire de 1999 accueillait près de 600.000 spectateurs, probablement attirés par l’idée de toucher du doigt cette innocence perdue. Tarif : 150 dollars pour les trois jours.
Quant au festival de l’Ile de Wight, c’est 150 livres (pour les non campeurs) qu’il faudra débourser cette année pour assister aux concerts de Kasabian, Foo Fighters ou encore Beady Eye (ou Oasis recyclé). Aussi prestigieux soient-ils, les festivals sont devenus une industrie à part entière. Il n’y a guère qu’en France qu’on semble encore s’en cacher.
Lorsqu’en 2008, le mastodonte Live Nation [EN] -entreprise organisatrice de concert et tourneur-, prend le contrôle du Main Square Festival, les critiques se font entendre. Elles sont relayées en avril 2010 dans Le Monde, dans un article intitulé “La France conquise par Live Nation, numéro 1 du spectacle”:
Cette structure de douze salariés (dont plusieurs débauchés chez la concurrence) gère sur le territoire français le catalogue international du groupe – qu’il s’agisse des artistes signés “globalement” par Live Nation (Madonna, U2, les Rolling Stones, Jay-Z, Shakira…), suivant le principe des contrats à 360° incluant la scène mais aussi le disque et le merchandising, ou des tournées achetées au coup par coup, comme celles de Rihanna ou Lady Gaga. Sur ce créneau, la concurrence est rude pour les producteurs français. “Difficile de lutter quand il s’agit de deals internationaux“, admet Salomon Hazot, patron de la société Nous Productions, qui a récemment perdu divers artistes au profit de Live Nation.
Certains -rares- irréductibles boycottent ce genre d’organisation. Fan de la première heure de Kasabian, Delphine, pourtant lilloise, n’ira pas assister au concert de ses idoles cet été à Arras, parce qu’elle désapprouve le fonctionnement du tourneur :
Par principe, je boycotte Live Nation. Sauf exception. Parce que bon, puisqu’ils contrôlent 90% du marché, pas facile d’y échapper…
Les autres, pour la plupart, s’en fichent comme de l’an 40, ou se rendent simplement à l’évidence: la musique est un business. Benoît Sabatier est de ceux là. Rédacteur en chef adjoint de Technikart, habitué des festivals depuis ses plus jeunes années et spécialiste de la culture pop, il ne se fait plus d’illusion sur la nature de ces grands rassemblements dont il reste friand, mais qu’il nomme, sens de la formule oblige, “parcs d’attraction bien taxés avec déglingue tolérée”:
Les festivals, c’est le relevé des comptes de l’industrie. Une affiche se monte à coup de billets. On paye, on pointe, on se baffre, on enchaîne les groupes. C’est le côté fast-food du rock. Fast-rock : on bouffe un peu de Strokes, un bout d’Arcade Fire, une aile de Massive Attack, on arrose de Soulwax et on fait passer avec des rasades de Queens of the Stone Age… Dans un festival, la musique est un prétexte. C’est la colonne vertébrale, mais ce qu’on en retient à l’arrivée, c’est aussi comment était la bière, qui on a rencontré, où on a dérapé et comment on a fini. Niveau musique, un festival fait plus business parce que cette sortie rejoint celle que font les familles à Disneyland. Il y a un prix d’entrée, et il faut mettre sa main à sa poche pour toutes les animations annexes.
On le sait, la musique est une industrie. Le live en est l’un des piliers. L’innocence des hippies de 69 s’est probablement évaporée, mais ce n’est pas tout. Notre rapport à la musique, la façon dont on la “consomme” et ce qu’on y investit ont complètement changé. C’est ce qui explique aussi en partie l’évolution des grandes messes du rock depuis les années 60.
Aux chansons folk des années 60-70, qui invitaient à une prise de position politique et conduisaient tous ses amateurs à se ranger aux grandes idées de la jeunesse hippie de l’époque, ont succédé des groupes souvent meilleurs musicalement, mais détachés de tout engagement politique.
La jeunesse de Woodstock reprenait le “give me a F, give me a U, give me a C, give me a K” de Country Joe McDonald, exprimant ainsi son opposition résolue à la guerre de Vietnam. Le top de l’engagement aujourd’hui, ce sont les néons “eco-friendly” de Radiohead, ou les verres recyclables. Les Dylan, Baez ou Hendrix d’hier ont été remplacés par de gentilles icônes pop ou des méga groupes qui envoient des décibels, mais ne font plus de discours.
C’en est fini du rock comme propulseur d’une idéologie politique, censé être en totale déconnexion avec l’idée même de faire de l’argent. Aujourd’hui, le rock sert aussi à faire de l’argent. Ou plutôt, comme l’explique Benoît Sabatier de Technikart, on a cessé de se mentir à ce sujet:
Dans les années 60-70, le rock est lié au gauchisme. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le rock, s’il reste de gauche, est un produit totalement lié au libéralisme. Il l’est à la base: Elvis et les Beatles étaient soumis à la loi du marché, mais dans les années contre-culture, 60-70, le rock devait, de façon soit utopique, soit hypocrite, faire comme si régnait le désintéressement face à l’affreux Dieu dollar. Surtout dans les Festivals. Vu d’aujourd’hui ça semble dingo: un festival, dans les sixties, devait être gratuit. Le public de hippies trouvait inconcevable, anti-rock, de devoir payer un droit d’accès. Il y avait une pression énorme. Il pouvait y avoir une part d’opportunisme, (notamment les festivals gratuits pour vendre plus de disques payants), mais aussi un vrai côté généreux, communautaire, festif, anti-matérialiste. C’était logique, idéologique. Progressivement l’industrie a vu dans les seventies que le rock n’était pas une mode éphémère mais un entertainment juteux: à partir des années 80, l’idée de gratuité des Festivals était un souvenir fumeux et chevelu.
Le côté festif est resté intact. Les concerts ont valeur d’entertainment. L’idéologie et la contestation qui leur étaient autrefois associés ont disparu. Une révolution digne des années 70, pour que les barrières tombent et les artistes jouent gratuitement, est-elle encore possible? Réponse de Benoît Sabatier:
Non. Il existe encore des petits festivals gratuits, qui fonctionnent grâce à des subventions, mais autrement tout le monde a accepté le fait que si on veut voir un artiste il faut passer à la caisse. C’est quand même normal : maintenant que l’on a trouvé comment pirater les disques, le live reste un dernier rempart pour qu’ artistes et industries puissent vivre de leur boulot.
–
> Benoît Sabatier a signé une édition poche et actualisée de “Nous sommes jeunes, nous sommes fiers“. “Culture jeune – l’épopée du rock” paraîtra le premier juin aux éditions Fayard/Pluriel.
> Illustrations: Image de clé FlickR CC ketou, affiche du festival de Woodstock dbking
Vous pouvez retrouver nos articles sur le dossier festivals : Jeunes artistes : laissez-les chanter et Festivals cherchent finances
]]>From now on, it’s a free concert.
Nous sommes en fin de journée, ce 15 août 1969. L’organisateur qui prononce cette phrase (« dorénavant, le concert est gratuit »), devant près de 500.000 festivaliers, ne se doute pas de l’engouement historique que va susciter ce Woodstock Music and Art Fair.
L’ambiance est à l’antimilitarisme, au flower power, à l’utopie collective. Ces trois jours auront vu se produire les meilleurs musiciens que compte alors l’Amérique. Et lorsque les barrières tombent, sous la masse des spectateurs, l’événement qui allait être le cœur du « summer of love », en plus d’être fondateur de la culture pop-rock, allait être gratuit.
Cette gratuité n’est pas tant à mettre sur le compte d’un désintéressement financier de l’organisation que sur leur débordement face au torrent des festivaliers, combiné à une ambiance de “paix et d’amour” qui laissait penser que tout était possible. A vrai dire, en 69 non plus, on n’organisait pas un festival de cette ampleur sans espérer glaner quelques dollars.
Un an plus tard, au sud de l’Angleterre, le festival de l’Ile de Wight accueille lui aussi des centaines de milliers de spectateurs. Quelques heures après le début des festivités, les palissades installées pour éviter aux resquilleurs de ne pas payer les trois livres d’entrée tombent à leur tour. Le mécontentement des festivaliers a eu raison de l’organisation. Les concerts seront gratuits. (Voir les images d’archive)
Dans une interview [EN] accordée en 2003 au quotidien turc Hürriyet, Michael Lang, l’organisateur de Woodstock et de plusieurs autres festivals, expliquait ce qui à ses yeux, avait changé depuis cette époque :
La chose qui a le plus changé, c’est que l’on vit dans un monde beaucoup moins innocent.
Trente ans après l’édition mythique de Woodstock 1969, le concert anniversaire de 1999 accueillait près de 600.000 spectateurs, probablement attirés par l’idée de toucher du doigt cette innocence perdue. Tarif : 150 dollars pour les trois jours.
Quant au festival de l’Ile de Wight, c’est 150 livres (pour les non campeurs) qu’il faudra débourser cette année pour assister aux concerts de Kasabian, Foo Fighters ou encore Beady Eye (ou Oasis recyclé). Aussi prestigieux soient-ils, les festivals sont devenus une industrie à part entière. Il n’y a guère qu’en France qu’on semble encore s’en cacher.
Lorsqu’en 2008, le mastodonte Live Nation [EN] -entreprise organisatrice de concert et tourneur-, prend le contrôle du Main Square Festival, les critiques se font entendre. Elles sont relayées en avril 2010 dans Le Monde, dans un article intitulé “La France conquise par Live Nation, numéro 1 du spectacle”:
Cette structure de douze salariés (dont plusieurs débauchés chez la concurrence) gère sur le territoire français le catalogue international du groupe – qu’il s’agisse des artistes signés “globalement” par Live Nation (Madonna, U2, les Rolling Stones, Jay-Z, Shakira…), suivant le principe des contrats à 360° incluant la scène mais aussi le disque et le merchandising, ou des tournées achetées au coup par coup, comme celles de Rihanna ou Lady Gaga. Sur ce créneau, la concurrence est rude pour les producteurs français. “Difficile de lutter quand il s’agit de deals internationaux“, admet Salomon Hazot, patron de la société Nous Productions, qui a récemment perdu divers artistes au profit de Live Nation.
Certains -rares- irréductibles boycottent ce genre d’organisation. Fan de la première heure de Kasabian, Delphine, pourtant lilloise, n’ira pas assister au concert de ses idoles cet été à Arras, parce qu’elle désapprouve le fonctionnement du tourneur :
Par principe, je boycotte Live Nation. Sauf exception. Parce que bon, puisqu’ils contrôlent 90% du marché, pas facile d’y échapper…
Les autres, pour la plupart, s’en fichent comme de l’an 40, ou se rendent simplement à l’évidence: la musique est un business. Benoît Sabatier est de ceux là. Rédacteur en chef adjoint de Technikart, habitué des festivals depuis ses plus jeunes années et spécialiste de la culture pop, il ne se fait plus d’illusion sur la nature de ces grands rassemblements dont il reste friand, mais qu’il nomme, sens de la formule oblige, “parcs d’attraction bien taxés avec déglingue tolérée”:
Les festivals, c’est le relevé des comptes de l’industrie. Une affiche se monte à coup de billets. On paye, on pointe, on se baffre, on enchaîne les groupes. C’est le côté fast-food du rock. Fast-rock : on bouffe un peu de Strokes, un bout d’Arcade Fire, une aile de Massive Attack, on arrose de Soulwax et on fait passer avec des rasades de Queens of the Stone Age… Dans un festival, la musique est un prétexte. C’est la colonne vertébrale, mais ce qu’on en retient à l’arrivée, c’est aussi comment était la bière, qui on a rencontré, où on a dérapé et comment on a fini. Niveau musique, un festival fait plus business parce que cette sortie rejoint celle que font les familles à Disneyland. Il y a un prix d’entrée, et il faut mettre sa main à sa poche pour toutes les animations annexes.
On le sait, la musique est une industrie. Le live en est l’un des piliers. L’innocence des hippies de 69 s’est probablement évaporée, mais ce n’est pas tout. Notre rapport à la musique, la façon dont on la “consomme” et ce qu’on y investit ont complètement changé. C’est ce qui explique aussi en partie l’évolution des grandes messes du rock depuis les années 60.
Aux chansons folk des années 60-70, qui invitaient à une prise de position politique et conduisaient tous ses amateurs à se ranger aux grandes idées de la jeunesse hippie de l’époque, ont succédé des groupes souvent meilleurs musicalement, mais détachés de tout engagement politique.
La jeunesse de Woodstock reprenait le “give me a F, give me a U, give me a C, give me a K” de Country Joe McDonald, exprimant ainsi son opposition résolue à la guerre de Vietnam. Le top de l’engagement aujourd’hui, ce sont les néons “eco-friendly” de Radiohead, ou les verres recyclables. Les Dylan, Baez ou Hendrix d’hier ont été remplacés par de gentilles icônes pop ou des méga groupes qui envoient des décibels, mais ne font plus de discours.
C’en est fini du rock comme propulseur d’une idéologie politique, censé être en totale déconnexion avec l’idée même de faire de l’argent. Aujourd’hui, le rock sert aussi à faire de l’argent. Ou plutôt, comme l’explique Benoît Sabatier de Technikart, on a cessé de se mentir à ce sujet:
Dans les années 60-70, le rock est lié au gauchisme. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le rock, s’il reste de gauche, est un produit totalement lié au libéralisme. Il l’est à la base: Elvis et les Beatles étaient soumis à la loi du marché, mais dans les années contre-culture, 60-70, le rock devait, de façon soit utopique, soit hypocrite, faire comme si régnait le désintéressement face à l’affreux Dieu dollar. Surtout dans les Festivals. Vu d’aujourd’hui ça semble dingo: un festival, dans les sixties, devait être gratuit. Le public de hippies trouvait inconcevable, anti-rock, de devoir payer un droit d’accès. Il y avait une pression énorme. Il pouvait y avoir une part d’opportunisme, (notamment les festivals gratuits pour vendre plus de disques payants), mais aussi un vrai côté généreux, communautaire, festif, anti-matérialiste. C’était logique, idéologique. Progressivement l’industrie a vu dans les seventies que le rock n’était pas une mode éphémère mais un entertainment juteux: à partir des années 80, l’idée de gratuité des Festivals était un souvenir fumeux et chevelu.
Le côté festif est resté intact. Les concerts ont valeur d’entertainment. L’idéologie et la contestation qui leur étaient autrefois associés ont disparu. Une révolution digne des années 70, pour que les barrières tombent et les artistes jouent gratuitement, est-elle encore possible? Réponse de Benoît Sabatier:
Non. Il existe encore des petits festivals gratuits, qui fonctionnent grâce à des subventions, mais autrement tout le monde a accepté le fait que si on veut voir un artiste il faut passer à la caisse. C’est quand même normal : maintenant que l’on a trouvé comment pirater les disques, le live reste un dernier rempart pour qu’ artistes et industries puissent vivre de leur boulot.
–
> Benoît Sabatier a signé une édition poche et actualisée de “Nous sommes jeunes, nous sommes fiers“. “Culture jeune – l’épopée du rock” paraîtra le premier juin aux éditions Fayard/Pluriel.
> Illustrations: Image de clé FlickR CC hddod, affiche du festival de Woodstock dbking
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Image de Une Mick ㋡rlosky
]]>Ces festivals s’appuient sur des budgets colossaux :
Leur financement repose sur la billetterie, les subventions publiques, les partenariats privés, et dans une moindre mesure, le mécénat.
Et si les organisateurs refusent pour la plupart de communiquer le détail de ces chiffres, arguant pour les uns qu’il s’agit de “données confidentielles“, pour les autres, comme Solidays, que l’on “peut faire dire ce que l’on veut à des chiffres“, la tendance majoritaire est claire. Les subventions publiques diminuent.
En cause, la décentralisation et la suppression de la taxe professionnelle. Cette année, la subvention accordée par le Pays de Montbéliard agglomération aux Eurockéennes a été divisée par deux, passant de 100.000 euros en 2010 à 50.000 en 2011. Emmanuel Oudot, directeur de la culture et du patrimoine de la communauté d’agglomération, s’en explique:
Nous sommes obligés de faire des choix drastiques. Je ne connais pas beaucoup de collectivités territoriales qui ne sont pas confrontées à ce problème.
Pour le festival Europavox, qui se tient chaque été en Auvergne, le département s’est retiré il y a deux ans. Les subventions de la commune ont diminué de 40% cette année. Et d’autres baisses ont déjà été actées pour l’année prochaine.
Même constat du côté du Printemps de Bourges. En deux ans, l’aide du Cher est passée de 200.000 euros à 150.000 euros. “Le Cher fait partie des départements qui ont eu des grosses difficultés”, explique Michel Bourumeau, directeur de la culture du Conseil général.
En 2011, le financement du festival berruyer reposait tout de même à près de 37% sur les institutions publiques, et en grande partie sur la commune de Bourges et le ministère de la Culture, qui comme le rapporte Le Monde, a pris en charge les subventions allouées au Printemps de Bourges :
Alors que Les Francofolies de La Rochelle, par exemple, ont la direction régionale des affaires étrangères (DRAC) de Poitou-Charentes pour interlocuteur, le Printemps de Bourges s’adresse en direct aux services de Frédéric Mitterrand. Un cas unique pour les musiques populaires. Pour 2011, le ministère de la Culture a alloué 340.000 euros au festival et 230.000 euros pour le réseau Printemps qui débusque les nouveaux talents.
Les financements publics du Printemps de Bourges se décomposent comme le montre ce diagramme (qui ne tient pas compte des soutiens en nature tels que la sécurité, l’éclairage, les transports (etc.) de la commune de Bourges et de la communauté d’agglomération) :
Dans le meilleur des cas, les subventions restent stables d’une année sur l’autre. C’est le cas cette année pour Rock en Seine. L’un des organisateurs explique que le soutien institutionnel au festival représente 18% du budget total de 5,2 millions d’euros, et se décompose comme suit :
Le financement public de Rock en Seine repose en grande partie sur la région Ile de France, partenaire historique et principal du festival.
Pour pallier la diminution des subventions, la marge de manœuvre des organisateurs est limitée. La billetterie ne constitue un levier qu’en dernier ressort. Augmenter le prix des places de manière substantielle peut être un calcul fatal à la fréquentation des festivals entre lesquels la concurrence est rude. Reste les partenariats privés ou les subventions indépendantes des collectivités territoriales.
La SACEM, notamment, alloue des subventions. En 2011, le budget dédié au soutien des festivals a augmenté de 10% par rapport à l’année dernière, et s’élève à 3,7 millions d’euros. Olivier Bernard, directeur de l’action culturelle explique :
Les festivals font de plus en plus appel à nous pour pallier la diminution de l’engagement des collectivités territoriales, ou dans le meilleur des cas leur stagnation.
Une tendance qui ne va pas sans poser question, puisque “les sociétés d’auteurs n’ont pas vocation à pallier les carences des finances publiques“, explique Olivier Bernard.
Le Printemps de Bourges, aidé à auteur de 75.000 euros par la SACEM a surtout eu recours au secteur privé, et en particulier au Crédit Mutuel. Daniel Colling, directeur du festival, s’en est expliqué :
La région Centre et le département du Cher ont diminué leurs subventions. Pour compenser cette diminution, notre festival a fait le choix d’élargir son partenariat privé.
Un partenariat important, qui a permis à la banque de s’immiscer dans le logo du festival. L’événement s’appelle désormais “Printemps de Bourges Crédit Mutuel”. Et si à la mairie de Bourges, on assure que “la nouvelle appellation passe complètement inaperçue”, la question de l’indépendance artistique du festival s’impose.
D’autant plus qu’il y a eu des précédents, avec les collectivités territoriales cette fois. En 2009, le Conseil régional de Centre avait conditionné sa subvention de 350.000 euros au retrait de la programmation du rappeur Orelsan. (Voir la vidéo de son titre “Sale Pute”, âmes sensibles s’abstenir.)
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Le Conseil régional avait appelé le festival à “prendre ses responsabilités“. Et face à l’entêtement des organisateurs à ne pas faire acte de censure, la région avait finalement décidé de rester partenaire du festival, tout en mettant en place des “modalités pour ne pas participer au financement de ce concert“.
En l’occurrence, Daniel Colling assure que le partenariat conclu avec le Crédit Mutuel est né d’une relation de confiance, et justement destiné à préserver la qualité du festival, à éviter une augmentation du prix des billets, et à mettre à l’abri le Printemps de Bourges pour les trois années à venir.
Certains partenaires privés pourtant, peuvent être tentés d’intervenir dans la programmation. Mathieu Ducos revendique une indépendance artistique totale même s’il a déjà constaté des tentatives de certains de prendre part à la programmation :
Il y a une frontière très nette entre l’implication des partenaires et la ligne artistique du festival. Certains partenaires qui prennent part à des plateformes de découverte sont tentés de mettre sur scène des artistes qui y jouent. Mais on a toujours lutté contre ça.
Et l’ingérence des partenaires peut aussi se jouer sur d’autres terrains que la programmation. L’an dernier aux Francofolies de la Rochelle, dans le cadre d’une opération de communication, la marque Repetto a offert une paire de chaussures à chacun des artistes, en les “invitant” à les porter sur scène. L’objectif: acquérir un maximum de visibilité.
Loin des chaussures de danseuses, le Hellfest Open Air, festival dédié au métal, estime pour sa part jouir d’une totale indépendance. Sur un budget total de 5 millions d’euros, les subventions publiques ne s’élèvent qu’à 40.000 euros (20.000 euros de la région, 20.000 euros du département), soit 0,8% du budget total. Jeff Manet, l’un des organisateurs du festival ne serait pas contre une aide plus importante mais explique :
Le fait que ce soit un festival de métal, pour les subventions, ca aide pas vraiment.
Rares sont en effet les entreprises qui souhaitent s’associer à l’événement prétendument sulfureux, contre lequel “des catholiques intégristes s’opposent tous les ans“. C’est donc la billetterie qui finance -à 90 % estiment les organisateurs- ce festival unique en son genre en France, grâce à un public captif. Les inconditionnels de métal sont prêts à payer un peu plus cher pour aller écouter Ozzy Osbourne ou Judas Priest. 129 euros en 2010 pour les trois jours, 10 euros de plus cette année.
Mais qu’il s’agisse d’une programmation très spécialisée comme celle du Hellfest, de variété ou de pop, ce sont bien les festivaliers qui exercent la plus grande pression sur les festivals. L’impératif absolu des programmateurs reste toujours d’attirer un maximum de spectateurs et de répondre à leurs attentes, en trouvant un juste milieu entre têtes d’affiche et découvertes. En cela, la question de l’indépendance est forcément illusoire.
—
>Illustration Flickr par RambergMediaImages
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]]>Pour l’Égalité, en 2011 je marche, en 2012 je vote.
C’est le slogan de la Gaypride de cette année. L’invitation à l’engagement politique est pleine de noblesse, mais sa mise en image fait largement débat. Cette année, l’inter LGBT a fait appel à une agence de communication pour réaliser (gratuitement) l’affiche de l’événement. Le choix de l’illustration s’est porté sur un coq blanc portant un boa rouge, le tout sur un fond que certains voient bleu. Des codes symboliques et des couleurs qui renvoient à la République et la nation.
“Le but de cette affiche est notamment d’interpeller le public au-delà des réseaux habituels“, explique Nicolas Gougain, président de l’inter-LGBT, qui concède qu’il a lui-même été surpris quand il l’a découverte.
Un jury d’associations de l’inter-LGBT s’est réuni pour valider l’affiche. Nous avons été surpris, mais on a aussi pris du recul, en se disant qu’on était pas obligés de proposer une affiche consensuelle, avec un rainbow flag, et qu’un peu de second degré ne ferait de mal à personne!
Sur twitter, les désaccords s’expriment :
En plein “débat” sur “l’identité nationale”, l’affiche infecte de l’Inter-LGBT
La réflexion initialement partagée par Marc Endeweld, journaliste, a beaucoup circulé. Certains demandent si la gaypride sera “un défilé de dindes“. “Il fait de l’œil à qui le coq borgne de l’affiche?” s’interrogent d’autres.
Un groupe facebook intitulé “l’affiche officielle de la Marche des Fiertés parisienne 2011 est infecte” a également vu le jour. Cécile Lhuillier, qui se réjouit du succès du groupe qu’elle a créé explique que sa démarche a été personnelle et spontanée, en réaction à une affiche qu’elle juge “lamentable et souverainiste“:
Quand j’ai découvert l’affiche, j’ai tout simplement eu envie de vomir. Ce ne sont pas des signes dans lesquels je me reconnais. Je ne comprends pas du tout la démarche de l’inter-LGBT. On parle de réappropriation des codes de la république, avec un coq et le bleu, blanc, rouge, d’un message qui dirait “on est tous citoyens”… Moi je ne suis pas particulièrement fière d’être française, surtout pas en ce moment. Et de quelle république parle-t-on? De celle qui ne veut pas reconnaître nos droits, qui ne veut pas qu’on ait de famille? Cette république, ce n’est pas la mienne!
Dider Lestrade est un membre fondateur d’Act Up. Il estime que “tout le débat qui a lieu sur facebook a tout à fait lieu d’être“, jugeant que cette affiche constitue “une bourde esthétique et symbolique“:
Je ne suis pas un adepte du politiquement correct. Mais là franchement on pourrait trouver autre chose! Il y a quelque chose de grossier dans cette affiche. Elle appelle à des associations d’idées…
Pour Gilles Bon-Maury, président de l’association Homosexualités et Socialisme (HES), la polémique est “surprenante et dangereuse“. S’il concède que “l’usage fait par le FN de ces symboles est nauséabond“, il estime qu’ils ne sont et ne doivent pas être la propriété du parti d’extrême droite.
Nous avancerons contre le FN justement en nous appropriant les symboles de la nation. La référence au coq est un jeu sur la virilité dans la basse-cour, je suis très embêté que des militants y voient une référence au nationalisme. Je trouve ça bien d’interpeller les citoyens.
Ce qui est certain, c’est que l’affiche aura eu le mérite de faire parler d’elle et de la marche des fiertés. C’est donc mission accomplie pour l’inter-LGBT. “En ce sens, le buzz est plutôt positif” lâche Nicolas Gougain, alors que l’affiche n’est même pas encore imprimée.
]]>L’Europe ne pourra pas se soustraire à ses responsabilités.
Déclaration signée Silvio Berlusconi en visite samedi sur l’île de Lampedusa, où des milliers de réfugiés venus des côtes tunisiennes et libyennes ont débarqué ces derniers mois. Le chef du gouvernement italien a parlé d’un “tsunami humain”, qui éprouve sur les terres européennes la solidarité effective envers les révolutions arabes.
Pourtant, depuis le 16 février, date du début des manifestations à Benghazi, les forces occidentales ont manifesté leur soutien au peuple lybien. La révolution est réprimée dans la violence mais n’empêche pas le mouvement de prendre de l’ampleur.
Quelques semaines seulement après le début de l’intervention de l’OTAN, les 27 se chamaillent pour savoir qui devra assumer la responsabilité de réfugiés dont personne ne veut.
Rappel. Le 22 février, Mouammar Kadhafi apparaît sur les écrans de télévision, halluciné et hallucinant. Son message est clair quoiqu’à peine croyable: les manifestants sont des drogués et des mercenaires, à la solde de Ben Laden.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Le plus ancien dictateur de la région promet de mourir en martyr s’il le faut, pour “protéger son peuple“.
Les manifestations se transforment en guerre de positions entre les forces fidèles à Kadhafi et les insurgés réfugiés à Benghazi et Misrata. Au total, les affrontements font des milliers de morts.
La répression commence à inquiéter les puissance occidentales. Le 10 mars, Nicolas Sarkozy (qui avait reçu le dictateur en grandes pompes, quoique sous une tente, trois ans plus tôt) reconnaît le Conseil national de transition comme représentant unique de la Libye, pendant que la député Chantal Brunel expose sa solution à la crise humanitaire: “remettre (les réfugiés) dans des bateaux”. Avec le Royaume-Uni, la France milite pour l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne. Les États-Unis, par la voix d’Obama, hésitent, puis acquiescent [en].
Le 17 mars, le Conseil de sécurité de l’ONU adopte la résolution 1973 [en] qui ordonne la protection des civils libyens. La diplomatie française bombe le torse et le conflit s’internationalise, sous l’égide de l’OTAN [en] à partir du 27 mars.
Sur place, cela se traduit par la mobilisation d’hommes et de matériel venus en particulier de France, des États-Unis et de Grande Bretagne. En France, l’affaire prend un tour politicien. Au sommet de Paris de soutien pour le peuple libyen le président Sarkozy dit sa “détermination” à soutenir les peuples arabes :
Des peuples arabes ont choisi de se libérer de la servitude dans laquelle ils se sentaient depuis trop longtemps enfermés. Ces révolutions ont fait naître une immense espérance dans le cœur de tous ceux qui partagent les valeurs de la démocratie et des droits de l’homme. Mais elles ne sont pas sans risque. L’avenir de ces peuples arabes leur appartient. Au milieu des difficultés et des épreuves de toutes sortes qu’ils ont à affronter, ces peuples arabes ont besoin de notre aide et de notre soutien. C’est notre devoir.
L’intervention militaire en Libye commence, menée par les Rafales de l’armée française et le ministre de l’Intérieur manifeste son soutien à Sarkozy, à “la tête de la croisade” [voir vidéo à 10:25] auprès du Conseil de Sécurité.
Aux prises de paroles inspirées militant pour une intervention militaire en Libye destinée à garantir la sécurité de Libyens, ont succédé des débats plus houleux, sur ces mêmes civils, lorsqu’ils apparaissent aux portes de l’Europe, à Lampedusa ou à Malte.
Alors que l’Italie accordait la semaine dernière des visas Schengen aux réfugiés tunisiens (dans l’objectif clairement affiché de s’en débarrasser), la France prévenait qu’elle n’en voulait pas, et accusait l’Italie d’agir en contradiction avec l’”esprit de Schengen”.
La commissaire européenne Cecilia Malmström a pour sa part appelé les pays membres à se montrer “solidaires”. Et la Commission européenne a débloqué 25 millions d’euros pour aider les pays les plus touchés et parer à l’urgence humanitaire.
La CIMADE (Comité inter mouvements auprès des évacués) dénonce la politique migratoire de l’UE et met en garde contre les “renforcement de la répression à l’encontre des migrants” et “les réflexes de peur et de xénophobie”.
Ce lundi, le Luxembourg accueillait la réunion des 27 ministres de l’Intérieur européens. Au menu des discussions, l’octroi de visas temporaires aux immigrés africains (venus pour la plupart de Tunisie). La question des réfugiés est-elle italienne ou européenne ? Pour Berlin, le problème est exclusivement italien. La France quant à elle, a déjà instauré un cordon sanitaire, destiné à contrôler les entrées sur le territoire français.
Dans le même temps, les combats se poursuivent en Libye, entre les troupes de Kadhafi et les insurgés. Hier dimanche, l’OTAN a détruit 11 tanks de l’armée libyenne, alors que les présidents mauritanien, malien, congolais et sud-africain, ainsi que le ministre ougandais des Affaires étrangères arrivaient en Libye, mandatés par l’Union africaine pour tenter de trouver une issue à un conflit entamé il y a deux mois, par des manifestations non violentes. Depuis le début des conflits, plus de 448 000 réfugiés, toutes nationalités confondues, ont fui la Libye.
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Illustration Flickr CC par Olmovich
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Retrouvez notre dossier sur les réfugiés de Libye :
Image de Une CC Marion Boucharlat pour OWNI
]]>En parallèle, la communauté gay et lesbienne milite pour que les politiques s’emparent, à l’horizon 2012, de la question des nouvelles formes de parentalité qui résultent d’une évolution de la science d’une part, de la société d’autre part.
Alexandre Urwicz, co-président de l’Association des familles homoparentales (ADFH) insiste sur la nécessité de cette réflexion :
Si aucune action pédagogique ne vient sensibiliser les enfants sur la diversité familiale, les enfants de couples homosexuels pourraient être confrontés aux mêmes discriminations que les enfants de divorcés il y a vingt ans quand ils n’avaient pas le droit d’aller jouer avec les autres…
On peut logiquement penser que la banalisation de ces enfants aura naturellement lieu. Pourtant, il existe encore un vide juridique autour de cette question qui, d’après l’association, concerne 300.000 familles dont l’un des parents est homosexuel (contre 40.000 en 1999). Des chiffres qui ont une valeur indicative, tant la mesure de l’homoparentalité est complexe.
Concrètement, la parentalité est pour l’heure inaccessible aux couples homosexuels :
Résultat de cette législation : les couples n’ont d’autre choix que de la contourner et se rendent à l’étranger pour accéder à la PMA (en Belgique notamment) ou la GPA. Aux États-Unis, les Français sont les deuxièmes plus gros clients après les Américains pour la GPA.
Sur ce sujet pourtant, les mentalités évoluent plus vite que les lois. En témoigne ce sondage IPSOS qui montrait, en 2009 déjà, qu’une majorité de Français était favorable à la GPA, unique recours pour les couples homosexuels masculins d’avoir un enfant sans passer par l’adoption.
Pour l’adoption justement, même hypocrisie. Les couples homosexuels en étant écartés, c’est un seul des partenaires qui peut faire la demande d’adoption, en tant que célibataire. Souvent, les demandeurs sont encore contraints de dissimuler leur orientation sexuelle pour avoir une chance de recevoir l’agrément des conseils généraux. Alexandre Urwicz résume :
Pour certains travailleurs sociaux chargés des enquêtes, un homo est forcément considéré comme ayant une activité sexuelle intense, ce qui est aberrant, d’autant plus que dans le cadre de ces enquêtes, personne ne s’intéresse à l’activité sexuelle d’un hétéro !
En l’absence d’une législation favorable à l’adoption par les couples homosexuels, les demandeurs sont soumis au bon vouloir des enquêteurs et à leur vision de l’homosexualité.
Autre problème dans le cas de l’adoption, lorsqu’elle a été effectuée : seul le demandeur bénéficie du statut légal de parent, ce qui peut conduire l’autre parent social a des situations ubuesques. À l’hôpital par exemple, explique Alexandre Urwicz, qui pointe à nouveau le décalage entre la réalité et la loi :
Pour sortir un mineur de l’hôpital, il faut soit avoir le même nom de famille, soit jouir de l’autorité parentale. Dans les faits, l’hôpital peut confier l’enfant au parent social mais légalement, il n’en a pas le droit.
Ces derniers mois, différentes juridictions ont dû statuer sur des affaires qui ouvrent de fait le débat sur la législation actuelle.
En février dernier, la cour d’appel de Paris reconnaissait la validité en France de deux adoptions conjointes par des couples homosexuels. Dans ces deux couples ayant adopté pour l’un au Canada, pour l’autre au Royaume-Uni, les deux partenaires jouissent désormais du même statut juridique de parent.
Si ces arrêts constituent une petite brèche vers la possibilité pour les deux parents réels d’en obtenir le statut légal, ils ouvrent aussi à une discrimination de nationalité et invitent à “un exil juridique après l’exil procréatif” estime Philippe Rollandin, porte-parole de l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL).
Par ailleurs, ce 6 avril, la cour de cassation refusait aux époux Mennesson l’inscription à l’état civil français de leurs jumelles conçues en Californie par GPA. Réaction et analyse d’Alexandre Urwicz :
C’est consternant! Ce jugement n’est pas une application du droit mais l’interprétation d’une idéologie. Cela ouvre une discrimination sur l’origine conceptionnelle de l’enfant : certains enfants mériteraient d’être français et d’autres pas ! Par ailleurs, en droit français, la sanction s’applique au contrevenant et ici la sentence s’applique aux enfants, qui n’ont rien demandé à personne.
Le couple va déposer un recours devant la Cour européenne des droits de l’Homme, et d’ici quelques années les jumelles pourront de toute façon obtenir la nationalité française par une procédure de naturalisation.
Globalement, la justice reconnaît le malaise et invite les politiques à se prononcer. Idem pour la communauté gay et lesbienne qui devrait voter massivement à gauche en 2012, face à l’”autisme” du gouvernement actuel :
À titre personnel, les hommes et femmes politiques nous disent qu’ils sont favorables à une évolution sur ces question, mais ils préfèrent avoir des lois qui font plaisir à leur électorat conservateur que de regarder la réalité en face.
Xavier Bertrand s’est déclaré opposé à l’amendement du Sénat adopté hier, estimant que le recours à la PMA ne devait avoir lieu que dans le cadre du “constat d’une infertilité médicale”. “Le gouvernement n’est pas prêt à suivre” a-t-il ajouté :
L’AMP est une réponse médicale à un problème médical.
Un nouveau vote devrait être demandé par le gouvernement sur cette question.
Associé à l’UMP, le mouvement Gaylib tente de faire bouger les lignes au sein de parti. Son président Emmanuel Blanc signait cette semaine sur son blog une tribune intitulée “si vous voulez nos voix, donnez-nous nos droits“. Il y reproche “la sortie des LGBT de l’agenda gouvernemental” et la stagnation du débat :
En 2011, nos familles ne sont toujours pas traitées comme les autres familles et ne bénéficient pas de la même considération vis-à-vis de la loi. Nos couples ne sont pas reconnus comme aussi valables que les couples hétérosexuels qui eux, ont le choix entre PACS ou mariage en fonction de leur projet de vie. Ce choix nous est refusé. Comme si nos choix de vie ne pouvaient être compatibles avec la stabilité familiale et la durée.
Crédits photos CC FlickR par Etsy Ketsy
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